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Novembre 2022

La France serait-elle devenue une puissance agricole moyenne ?

Un rapport Sénatorial appelle en urgence à un sursaut pour redresser la compétitivité de la ferme France et propose en plan « Compétitivité 2028 ».

Le Sénat tire le signal d’alarme ! En vingt ans, la France est passée du deuxième au cinquième rang mondial des pays exportateurs. « Son excédent commercial, en retrait, n’est plus tiré que par l’effet prix des exportations, surtout des vins et spiritueux, et non par les volumes ». Corrélativement, les  importations alimentaires en France ont explosé : elles ont doublé depuis 2000 et représentent parfois plus de la moitié des denrées consommées en France dans certaines familles, constatent  les rapporteurs Laurent Duplmob (Les Républicains, Haute-Loire), Serge Mérillou (Socialiste, Ecologiste et Républicain, Dordogne) et Pierre Louault (Union-Centriste, Indre-et-Loire) dans leur rapport, après avoir recueilli l’avis de près de 200 experts et professionnels.

La situation est d’autant plus inquiétante que « le potentiel productif agricole s’érode d’année en année par une baisse du nombre d’exploitations, une chute de la surface agricole utile en cultures et un plafonnement des rendements. La productivité de l’agroalimentaire, faute d’investissements suffisants compte tenu de la guerre des prix, est également en berne ». Le risque est bien réel de voir un affaissement du potentiel productif agricole français, au détriment de notre souveraineté alimentaire, alertent les sénateurs.

Pourquoi la France décroche ?

Les fermes Françaises confrontées à une plus grande concurrence internationale sont moins compétitives notamment en raison de la hausse des charges des producteurs liées aux coûts de la main d’œuvre, d’une fiscalité trop lourde, d’une surtransposition de règles environnementales. Mais pas seulement, les rapporteurs soulignent des manques d’investissements, principalement dans l’agroalimentaire. Et c’est sans parler du « climat politico-médiatique qui vitupère un modèle agricole pourtant le plus vertueux du monde, en critiquant par exemple la taille moyenne de nos exploitations, pourtant très inférieure à celles de nos concurrents ». Rappelons que la ferme France a toujours fait le choix d’un modèle familial loin des pratiques de ses concurrents directs en Europe.

Haro sur le « tout montée en gamme »

La stratégie du « tout montée en gamme » pour atteindre des marchés de niche plus rémunérateurs et compenser les pertes de compétitivité est, selon les auteurs, un mauvais calcul. Car, « si la montée en gamme n’est pas une mauvaise solution pour certaines filières organisées ou certains produits ciblés, prise dans son ensemble et sans être accompagnée d’une politique de compétitivité, elle aboutit à mettre la France agricole dans une impasse ».


Par ailleurs, est-il soutenable de proposer d’accélérer cette montée en gamme dans un contexte de crise du pouvoir d’achat ? Qui dit montée en gamme, dit hausse des prix des denrées françaises, pour que l’agriculteur voit ses surcoûts compensés a minima. Ne serait-ce pas là, une déconnexion totale du secteur agricole avec les attentes des consommateurs ? S’interrogent les auteurs. « Le risque majeur serait de réserver la consommation de produits français à ceux qui peuvent se le permettre, tout en condamnant les plus modestes à ne s’alimenter qu’avec des produits importés ».


En outre, la hausse des charges des agriculteurs et des industries de l’agroalimentaire, sur fond de guerre en Ukraine appelle d’urgence à rectifier le tir en mettant en route un plan « Compétitivité de la ferme France » à l’horizon 2028 dont les auteurs détaillent, dans ce rapport, les 5 axes et les 24 recommandations. Plan dont le pilotage serait confié à un haut-commissaire.


Créer un « choc de compétitivité »

Parmi les mesures, le rapport prône une réduction du coût de la main d’œuvre en agriculture et dans l’agroalimentaire, d’activer tous les leviers pour résoudre les problèmes d’embauche du secteur, de faire de la fiscalité un atout par exemple en baissant les taxes de production (TFNB, hausse du plafond de la dotation pour épargne de précaution) et de mettre en place un mécanisme de suramortissement ou un crédit d’impôt pour les investissements de mécanisation.

Les rapporteurs proposent de faire de la France un champion de l’innovation en matière environnementale en prolongeant le volet « 3ème révolution agricole » du plan France 2030, en réformant la recherche agricole et en promouvant la recherche sur les new breeding techniques. La création d’un « livret Agricole », permettrait aux épargnants français d’aider leurs agriculteurs à investir.

Enfin, pour mettre éliminer les maux du secteur, d’autres remèdes sont prescrits comme la réforme du soutien à l’export en s’appuyant davantage sur l’image de la marque France à l’international et la modification en profondeur de la réglementation européenne pour lutter contre la concurrence déloyale.

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