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Décembre 2021

L’année 2021 est marquée par une hausse de la valeur de production

La Commission des comptes de l’agriculture et de la nation a dévoilé les données économiques de 2020 et 2021 : après une mauvaise année 2020, les résultats prévisionnels 2021 annoncent une augmentation de la production en valeur tirée par la hausse des prix, mais masquent aussi les difficultés de certaines filières.

Les comptes prévisionnels pour l’année 2021 anticipent une hausse de la production agricole (hors subvention) de 7,5 % en valeur. La forte croissance des prix (+ 8,7 %) explique l’augmentation de la production malgré son repli en volume (– 1,1 %).

Ainsi, en 2021, la valeur de production de céréales (blé tendre, maïs, orge) bondit (+ 46,2 %) sous la combinaison d’une hausse des volumes (+ 17,0 %) et des prix (+ 24,9 %). Les récoltes de céréales ont bénéficié de conditions climatiques favorables et d’une demande dynamique. Le constat est le même pour les plantes industrielles (oléagineux, protéagineux et betteraves industrielles). La valeur de la production augmente en 2021 (+ 42,1 %) sous l’effet de la hausse des volumes (+ 11,7 %) et des prix (+ 27,3 %).

Globalement, en 2021, la valeur de production des fruits et légumes croit de 4,0 %, du fait d’une accélération des prix (+ 8,9 %) qui rattrape la baisse de la production (- 4,5 %) due aux conditions climatiques défavorables.

Parallèlement, la valeur de production de bétails (gros bovins, veaux, ovins/caprins, porcins) monte plus modérément (+1,8 %), à l’exception des porcins (- 5,5 %), tirée par la hausse des prix (+ 2,6 %) mais un volume de production qui régresse (- 0,8 %). Toujours en 2021, la production de laits, produits laitiers et autres produits animaux croît de 1,0 % en valeur. Là aussi, les prix favorables (+ 3,8 %) ont compensé la baisse des volumes (- 2,6 %). Enfin, la production de volailles se renforce de 1,7 % en valeur, sous l’effet d’une hausse des prix de 4,5 %, en partie effacée par une baisse des volumes de 2,7 %.

En revanche, la valeur de la production de vin connaît un recul de 13,4 % en 2021, résultant d’une chute des volumes de 19,4 %, atténuée par une progression des prix de 7,4 %. Le volume global de la production a été fortement affecté par des conditions climatiques défavorables : les vignes ont été touchées par le gel printanier puis par les maladies favorisées par une météo humide durant l’été. La récolte est historiquement basse, inférieure à celles de 1991 et 2017, touchées elles aussi par de sévères gelées au printemps. Le repli est particulièrement marqué pour les vins de table et de pays (– 31,5 %) et pour les vins d’appellation d’origine hors vins de champagne (– 23,1 %). Dans le même temps, les prix ont été soutenus par la réouverture de la restauration hors foyer et par le dynamisme des exportations, bénéficiant notamment de la suppression des taxes américaines sur les vins. La hausse la plus notable est celle du prix des vins d’appellation d’origine hors vins de champagne (+ 11,0 %).

Sur la même période, les consommations intermédiaires des agriculteurs augmentent en valeur (+ 2,8 %) en raison d’une progression des prix (+ 3,5 %) : + 15,5 % pour la facture énergétique. Ainsi, sous l’effet de l’accentuation de la production au prix de base (c’est-à-dire y compris les subventions sur les produits et déduction faite des impôts sur les produits) et de l’accroissement plus modéré des charges, la valeur ajoutée brute de la branche agricole progresserait nettement (+ 14,2 %). Une fois ajoutées les subventions d’exploitation nettes des impôts sur la production, la valeur ajoutée brute au coût des facteurs par actif augmenterait de 11,2 % en 2021 en termes réels.

Après déduction des charges locatives, des rémunérations et des versements d'intérêts de la branche agricole, le résultat brut par actif non salarié, en termes réels, augmenterait de 17,1 %.

Tout reste à confirmer. Pour le principal syndicat agricole, l’impressionnante flambée des charges ces derniers mois, que ce soit l’énergie, les engrais ou l’alimentation animale, est bien plus rapide que la hausse des prix agricoles, ce qui inéluctablement aura des répercussions sur le revenu des exploitants.

Des résultats qui interviennent après une mauvaise année 2020

Selon les observations du Réseau d’information comptable agricole, l’excédent brut d’exploitation (EBE) par actif non salarié en ETP s’est établi en 2020 à 52 120 € en moyenne, en baisse de 5,8 % en réel par rapport à 2019. Après prise en compte des charges financières et des amortissements, le résultat courant avant impôt (RCAI) par ETP non salarié s’est élevé, pour sa part, à 26 790 € en moyenne, soit 10,0 % de moins qu’en 2019.

Comme les années précédentes, les moyennes des résultats masquent d’importantes disparités de situations. La moitié des exploitations ont un EBE par ETP non salarié supérieur à 40 080 € et un RCAI par ETP non salarié supérieur à 19 730 €. Pour un quart des exploitations, l’EBE par ETP non salarié est inférieur à 21 740 € tandis qu’il est supérieur à 65 980 € pour un autre quart, soit un rapport de 1 à 3. Pour 10 % des exploitations, l’EBE par ETP non salarié est inférieur à 7 330 € tandis qu’il est supérieur à 104 230 € pour un autre dixième, soit un rapport de 1 à 14. 5,2 % des exploitations ont un EBE négatif. 28,8 % de ces dernières qui s’avèrent être en insuffisance d’exploitation (EBE négatif) en 2020 l’étaient déjà en 2019, soit 1,5 % de l’ensemble.

En 2020, les revenus bruts de la filière fruits augmentent grâce à une hausse quasi générale des prix liée à la crise sanitaire, qui a plus que compensé la baisse des volumes produits, conduisant à une croissance de 27,3 % de l’EBE par ETP non salarié, fixé à 55 020 €. Pour les exploitations spécialisées en céréales et oléoprotéagineux, pénalisées par les conditions climatiques défavorables, l'EBE par actif non salarié s'établit en moyenne à 42 530 €, en retrait de 6,5 % par rapport à 2019. La viticulture connaît une deuxième année consécutive de baisse de son revenu brut : au-delà du contexte météorologique, elle a notamment pâti de la hausse des droits de douanes américains et d'une consommation nationale pénalisée par les restrictions sanitaires. L’EBE par actif non salarié chute ainsi de 6,0 %, s'établissant à 63 430 €.

Dans les élevages, les principales filières ont des revenus bruts en baisse, d'ampleur variable selon les productions. L'EBE moyen par ETP non salarié diminue pour les producteurs laitiers (-2,4 %), dans un contexte de hausse des charges, ainsi que pour les producteurs de viande bovine (-3,4 %). Celui de la filière porcine chute fortement (-33,1 %), conséquence de la demande intérieure déprimée par la fermeture de la restauration hors foyer, que la consommation à domicile n’a pu compenser, faisant suite néanmoins à une année 2019 en très forte hausse.

Les différences de taille entre exploitations expliquent également les disparités observées. Ainsi, dans les plus grandes exploitations agricoles, l’EBE par ETP non salarié s’établit en 2020 à 81 730 €, soit 1,7 fois celui des exploitations de taille intermédiaire (38,6 % des exploitations agricoles françaises) et dans un rapport de 1 à 3 avec les structures dites « petites ». De même, le revenu brut généré par les exploitations en société est, quelle que soit l’orientation productive, supérieur à celui des exploitations individuelles.

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