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Février 2022

L’excédent agroalimentaire français se redresse en 2021, les perspectives pour 2022 s’assombrissent

Agreste, le service statistiques du ministère de l’Agriculture, annonce un excédent agroalimentaire français de près de 8,2 milliards d’euros stimulé par les exportations de vins et spiritueux après une année 2020 marquée par les taxes américaines sur les importations et la pandémie. Mais cette embellie pourrait être de courte durée…

Après une chute de 18,2% en 2020, pour s’établir à 6,3 milliards d’euros, l’excédent 2021 repart (+31%) avec près de 8,2 milliards d’euros. Ce rebond est la conséquence d’une augmentation marquée des exportations (+7,8 milliards soit +13 % en valeur), supérieure à celle des importations (+5,8 milliard soit +10 %).

Les vins et spiritueux caracolent en tête

L’excédent des échanges de produits transformés a atteint 7,3 milliards d’euros en 2021 (+2,6 milliards d’euros sur un an), niveau le plus élevé depuis 2012. L’augmentation de l’excédent commercial avec les pays tiers a représenté plus de 60 % de la hausse globale. Ce niveau record s’explique par la hausse sensible des ventes de vins et spiritueux (+3,5 milliards d’euros soit + 28 %) principalement à destination des Etats-Unis (+1 milliard d’euros sur un an), de la Chine et de Singapour (respectivement +0,5 et +0,3 milliard) mais aussi du Royaume-Uni (+0,3 milliard). Seules ombres au tableau : les exportations de viande porcine ont diminué sous le recul de la demande chinoise, ainsi que celles de sucre, avec la faiblesse des disponibilités à l’export. Au total, les exportations de produits transformés se sont chiffrées, en 2021, à 53,3 milliards d’euros (+6,7 milliards d’euros par rapport à 2020).

Sur la même période, les importations ont augmenté quel que soit le secteur (46 milliards d’euros, +4,1 milliards d’euros sur un an), à l’exception de la viande porcine et des produits issus du tabac.

Recul du solde commercial des produits bruts

Toujours selon le ministère de l’Agriculture, en 2021, l’excédent des échanges de produits agricoles bruts a atteint 0,8 milliard d’euros et recule de 0,6 milliard d’euros par rapport à 2020, du fait de la dégradation du déficit commercial avec les pays tiers (-2,4 milliards d’euros contre -1,3 milliard un an auparavant).

Les exportations ont représenté 16,5 milliards d’euros et progressent de près de 1,1 milliard d’euros par rapport à 2020. Les ventes des produits de la pêche et de l’aquaculture ont gagné 0,3 milliard d’euros. Les exportations de graines oléagineuses, principalement de colza, et de céréales (orge et maïs) se sont accrues respectivement de 0,3 et 0,2 milliard sur un an. Cette hausse a été favorisée par l’augmentation des volumes disponibles à l’exportation lors du second semestre pour les céréales mais surtout par la croissance des prix moyens à l’exportation : +15 % pour le maïs, +22 % pour les orges et +27 % pour le colza, précise l’étude. Augmentation également des exportations de légumes frais (+2 %) contrairement à celles de fruits frais (-2 %) pénalisées par une offre hexagonale moindre en pommes. Quant aux importations (un peu moins de 15,7 milliards d’euros), elles ont progressé de 1,7 milliard d’euros par rapport à 2020, en lien notamment avec la hausse des achats de produits de la pêche et de l’aquaculture mais aussi de graines de colza et de fruits (respectivement +0,6, +0,2 et +0,2 milliard d’euros). Les achats de pommes, de fraises et de cerises ont augmenté pour compenser la faiblesse de l’offre française.

Les déficits se creusent dans le secteur des fruits et légumes

Le déficit dans le secteur des fruits et légumes s’est aggravé en 2021 tant pour les produits transformés (-3,3 milliards d’euros tout confondu) que pour les produits bruts (-3 milliards d’euros pour les fruits et -743 millions d’euros pour les légumes). La situation se gâte aussi pour les produits de la pêche et de l’aquaculture avec -4,6 milliards d’euros (produits bruts : -1,3 Md€ : produits transformés : -3,3 Md€).

Le spectre d’un embargo Russe en 2022

Le monde agricole retient son souffle. Le conflit armé qui se déroule en Ukraine aura des répercussions sur nos échanges de produits agricoles en 2022. Le sujet est sur toutes les lèvres et inquiète. La Russie n’est pas un partenaire commercial de tout premier plan pour la France, néanmoins les sanctions financières infligées par l’UE ces derniers jours créent un risque de rétorsion contre les produits européens au premier rang desquels les produits agricoles. En 2014 déjà, après l’invasion de la Crimée par la Russie, face aux sanctions des 28, le chef du Kremlin, ce même Vladimir Poutine, avait répondu par un embargo sur les produits agricoles venus notamment d’Europe, à l’exception des vins et spiritueux. Il en avait profité alors pour reconstituer son capital productif agricole et devenir un exportateur de blé et de porcs. En outre, ce conflit entre Moscou et Kiev ne sera pas sans conséquence sur l’augmentation des prix des matières premières, de l’alimentation animale et de l’énergie déjà en hausse.
Pour répondre aux inquiétudes de la profession agricole, le chef de l’Etat, lors de son passage au SIA, ce samedi 26 février 2022, a annoncé « un plan de résilience » pour sécuriser les approvisionnements en intrants, pour « bâtir des boucliers en termes de coûts » et in fine protéger les revenus des agriculteurs. Ce plan sera élaboré par le ministère de l’Agriculture. « Cette guerre durera et l’ensemble des crises qu’il y aura derrière auront des conséquences durables, il faut nous y préparer », a prévenu Emmanuel Macron.

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