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Mai 2022

Sécurité alimentaire et système alimentaires durables

Comment préserver la compétitivité agricole de l’UE, réduire sa dépendance aux intrants de synthèse et améliorer son autonomie protéique? A la demande de la présidence française du Conseil de l’UE, le Comité économique et social européen (CESE) formule plusieurs pistes.

Dans son avis publié en mai 2022, intitulé «Sécurité alimentaire et systèmes alimentaires durables», le CESE préconise d’activer plusieurs leviers au niveau de l’UE pour préserver la compétitivité des producteurs européens, tout en garantissant la sécurité alimentaire européenne, et des prix abordables pour les consommateurs. Parmi ces leviers, le CESE (1) insiste sur l’harmonisation des normes de production dans les échanges internationaux pour éviter les distorsions de concurrence et permettre à chaque pays de produire une alimentation de base. Il en va de la pérennité des filières agroalimentaires de l’Union européenne et dans le prolongement de sa souveraineté alimentaire.

Opter pour la réciprocité des normes

Le Comité propose que tous les accords commerciaux de l’UE à venir intègrent les stratégies «De la ferme à la table», «Biodiversité» et «Ajustement à l’objectif 55» du pacte vert européen en tant que normes mondiales en matière de durabilité mais sans mésestimer les difficultés d’une telle proposition, notamment en période de crise.  Le Comité est d’avis à mettre en œuvre « une législation européenne imposant un devoir de diligence aux entreprises tout au long de leurs chaînes d’approvisionnement, afin de recenser, de prévenir et d’atténuer les risques environnementaux et sociaux, ainsi que les violations des droits de l’homme ». De concert, l’UE devra veiller à ce que les accords commerciaux n’externalisent pas ces problèmes et n’aggravent pas, par exemple, la déforestation dans d’autres pays. Le CESE suggère de créer une agence au sein de l’UE chargée de certifier les produits importés selon les normes de durabilité de l’Union. « Faute d’opérer des changements dans les politiques commerciales de l’Union, les objectifs de la stratégie «De la ferme à la table» ne seront pas atteints », préviennent les rapporteurs.

Réduire la dépendance aux intrants et améliorer l’autonomie protéique de l’UE

Comme le rappelle le CESE, la forte volatilité des prix des matières premières agricoles et des intrants agricoles nourrit l’insécurité des revenus agricoles et entrave les investissements à long terme des agriculteurs. Mais dans le même temps, les agriculteurs manquent cruellement d’outils et de solutions de remplacement. Selon les auteurs, pour réduire la dépendance aux intrants, notamment de synthèse, l’UE se doit « d’investir massivement au profit de l’agroécologie, de la recherche sur les nouvelles variétés résistantes, des nouvelles méthodes de protection biologique et de l’agriculture de précision ». En ce qui concerne le recours aux antibiotiques, « il convient de mettre au point et à disposition des alternatives efficaces et abordables aux antibiotiques », souligne l’avis.

L’autre enjeu de taille est celui de l’autonomie protéique. L’UE présente un déficit important en protéines végétales, puisqu’elle importe la plupart des produits dont son secteur agricole a besoin, notamment les matières premières destinées aux aliments pour les animaux, comme le soja. Plusieurs voies sont suggérées : intensifier la production de graines oléagineuses et de tourteaux d’oléagineux, aider le secteur des protéines et convaincre les agriculteurs via une PAC plus ambitieuse, diversifier les sources protéiques : comme le trèfle pour les ruminants, les denrées alimentaires et les aliments pour animaux d’origine marine, ou issus d’insectes… L’amélioration de l’autonomie protéique de l’UE est souhaitable à tous points de vue, conclus les rapporteurs. Outre les avantages économiques pour les agriculteurs, les effets seront bénéfiques pour l’environnement et le climat : moins de déforestation, moins d’importation, mais à conditions de changer les habitudes alimentaires quotidiennes de la société européenne.

(1) Le CESE est un organe consultatif européen composé de représentants d’organisations de travailleurs et d’employeurs et d’autres groupes d’intérêts (ex. agriculteurs, consommateurs…). Il transmet des avis sur des questions européennes à la Commission, au Conseil et au Parlement de l’UE et sert de lien entre les instances de décision et les citoyens.

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